Premières rencontres attentives et émues ce matin avec le chemin jacquaire historique en provenance de Vezelay. A propos de tous ces passants d'hier et d'aujourd'hui, me venait la question que je puis ainsi formuler :
"Que sommes nous les uns aux autres ? "
Je vais vous faire revivre un événement matinal à Chinon. C'était le 5 avril à l'aurore.
Il est 7h 45 environ, je suis au petit déjeuner. Les premiers clients sont là. La jeune serveuse, tout habillée de noir (c'est la tenue de service.) , s'active, lumineuse et causante, autant que pragmatique. Je vais vous l'appeler "Alice " parce que, parce que. ..Alice au pays des merveilles !
Entre une vieille dame cassée, le dos courbée, marmonnante et ronchonne ! "Bonjour Jeanne !" ...c'est Alice . Jeanne grogne. "un petit café, Jeanne ? ". Jeanne consent à s'asseoir. Le café arrive. Jeanne est furieuse car la pharmacie est fermée. "Mais il n'est pas 9h00, Jeanne, pas même 8h!". Jeanne, elle s'en fout. ...la pharmacie doit être ouverte !
Et puis c'est l'un des serveurs du bar qui arrive lui même le dos plié, en incapacité de prendre son poste. Il me semble qu'il dort sur place. . . il me semble aussi que sa situation n'est pas des plus simples, et qu'il accomplit dans ce bar des activités de manutention de nature à lui compenser le gîte et le couvert. Notre Alice s'active, rieuse, pour lui chercher un médecin, appeler le patron du bar, le tout en gardant contact avec Jeanne la bougonne. Elle requisitionne un client pour déplacer les tables extérieures autour de la fontaine. Elle virevolte , passe auprès de moi, me lance un discret "Jeanne c'est notre mascotte ! " chaleureux qui dit fort la tendresse qu'elle porte à la vieille dame désorientée. "Bon ça y est, j'ai déjà fait mon quota de social pour la journée ! "Rit -elle. Alice au pays des merveilles !
Oui, oui ! Et ce petit message, venu ce matin du RER parisien, Michelle ?
"Pensées matutinales d'un jour qui démarre sous un ciel mêlé de la menace de pluie et pour autant aux couleurs d'orange sanguine; un quai de RER où des visages finissent par être familiers, les habitudes de places aussi. Des saluts s'échangent. Ainsi cette femme auprès du CAMSP qui fait la manche dès 7h ...plus loin cet homme qui dort dans un recoin de l'immeuble d'en face : lui trimballe tous les matins deux énormes valises et quelques sacs ce qui l'oblige à faire deux tours...Je m'inquiète quand je ne les vois plus parfois. Outre le sourire nous échangeons un café, un croissant. ..pourtant nous ne savons rien de plus les uns des autres la langue fait barrage , peut être encore plus une distance posée. ..de protection? Pour qui? Pour quoi et Pourquoi ?"
Que sommes nous les uns aux les autres ?
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