« L’instant présent, non pas l’instant ponctuel qui ne désigne jamais que le terme mis par la pensée au « temps écoulé » et l’apparence d’un arrêt dans cet écoulement, mais l’instant véritablement présent et plein n’existe que s’il y a présence, rencontre, relation. Dès que le Tu devient présent, la présence naît.
Le Je du mot fondamental Je-Cela, le Je pour lequel aucun Tu concret ne s’anime, mais qui est environné d’une multiplicité de « contenus », n’est qu’un passé, n’est nullement présent.
En d’autres termes :
Dans la mesure où l’homme se satisfait des choses qu’il expérimente et utilise, il vit dans le passé et son instant est dénué de présence. Il n’a que des objets, mais les objets ne sont que des histoires. L’objet n’est pas durée mais stagnation, arrêt, interruption, raidissement, isolement, absence de relation et de présence.
Les essences sont vécues dans le présent, les objets dans le passé.
Une présence n’est pas quelque chose de fugitif et de glissant, c’est un être qui nous attend et qui demeure."
Ces quelques mots de Martin Buber, philosophe juif hassidique, pour donner une part d'expression , de sens , au parcours de la rencontre telle que je la ressens, telle qu'elle résonne, telle qu'elle dessine les lignes mélodiques de l'intériorité.
Au long des chemins, la pérégrination silencieuse apure le jour de toutes ses scories. . . . Le bruit, l'inanité des trépidances de l'info, la ville qui court, le temps en fuite insensée .
A ces heures où le rythme tranquille et obsessif du pas ouvre de nouvelles écoutes, de neuves perceptions, le jour, la vie, le paysage, s'offrent dans une rencontre sensible. Le "Ça" dont parle le philosophe se fait "Tu" et appelle un dialogue, une conversation et une conversion intérieures.
Un oiseau chante et m'invite à son concert cristallin , une fleur magique appelle en moi le respectueux photographe, la source qui glisse en murmure me lave doucement le coeur, le passant m'illumine d'un chaleureux "Bonjour". La rencontre au présent, telle que la suggère M Buber, je crois qu'elle est celle là, cet instant , cette instance, cette stance où le vis à vis inanimé s'éveille en une relation vibrante, en une floraison douce du coeur .
Découvrir du printemps les éveils, les naissances, les efflorescences, et rencontrer de soi les sources régénérées , les musiques intérieures , les dialogues intuitifs, les surgences (Lacan) d'un Je habité, accordé .
La journée offre comme autant d'étoiles chacun de ses hasards, chacune de ses pétillances, dans un émerveillement du coeur sensible où toute une famille de contemplatifs me rappelle à sa communauté. Des taoïstes à nos mystiques (j'ai souvent pensé à François d'Assise. ...), en passant par les musiciens les plus intérieurs.
Allez, lisez M Buber (Le Je et le Tu ), lisez les mystiques et les taoïstes, écoutez Bach, Arvo Pärt et combien d'autres, voyez les peintres. ....Tiens, j'ai eu un petit contact avec mon musée imaginaire.... Au Syndicat d'initiative de Rocamadour, quelques tapisseries de Jean Lurçat !
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