vendredi 29 avril 2016

IphiGéNie

IIphiGéNie! Je vous ai écrit quelques mots sur ce site au fil des jours.  IphiGéNie ma boussole, mon guide, mon pas.
En préparant mon départ.... ( quelque improvisé que je veuille paraître, je prépare un peu les fondamentaux ! )...en préparant mon départ donc, je me demandais comment éviter l'achat de cartes IGN par tranches de 25 km. Il m'en fallait dix pour préparer un itinéraire vers Rennes!. Au gré de mes recherches, je suis arrivé sur le site de IphiGéNie. Une petite merveille. Une présentation des cartes IGN, jusqu'aux délimitations cadastrales, et une localisation GPS directionnelle, au total la carte très détaillée du terrain, de ses accidents, de ses impasses, et une indication  d'orientation de très fine précision.
Le chemin, je l'avoue, ce sont aussi ces sécurités-là. Allez, ceci écrit, il n'empêche que même un relatif expert en boussole peut se trouver emporté, voire embringué sur des voies qu'il a mal calculées. Mes surcharges kilomètriques me l'ont quelquefois appris à mes dépens.

29 Avril. Je et Tu

« L’instant présent, non pas l’instant ponctuel qui ne désigne jamais que le terme mis par la pensée au « temps écoulé » et l’apparence d’un arrêt dans cet écoulement, mais l’instant véritablement présent et plein n’existe que s’il y a présence, rencontre, relation. Dès que le Tu devient présent, la présence naît.

Le Je du mot fondamental Je-Cela, le Je pour lequel aucun Tu concret ne s’anime, mais qui est environné d’une multiplicité de « contenus », n’est qu’un passé, n’est nullement présent.

En d’autres termes :
Dans la mesure où l’homme se satisfait des choses qu’il expérimente et utilise, il vit dans le passé et son instant est dénué de présence. Il n’a que des objets, mais les objets ne sont que des histoires. L’objet n’est pas durée mais stagnation, arrêt, interruption, raidissement, isolement, absence de relation et de présence.
Les essences sont vécues dans le présent, les objets dans le passé.

Une présence n’est pas quelque chose de fugitif et de glissant, c’est un être qui nous attend et qui demeure."

Ces quelques mots de Martin Buber, philosophe juif hassidique, pour donner une part d'expression , de sens , au parcours de la rencontre telle que je la ressens, telle qu'elle résonne, telle qu'elle dessine les lignes mélodiques de l'intériorité.

Au long des chemins, la pérégrination silencieuse apure le jour de toutes ses scories. . . . Le bruit, l'inanité des trépidances de l'info, la ville qui court, le temps  en fuite insensée .
A ces heures où le rythme tranquille et obsessif du pas ouvre de nouvelles écoutes, de neuves perceptions, le jour, la vie, le paysage, s'offrent dans une rencontre sensible. Le "Ça" dont parle le philosophe se fait "Tu" et appelle un dialogue, une conversation et une conversion intérieures.
Un oiseau chante et m'invite à son concert cristallin ,  une fleur magique appelle en moi le respectueux photographe,  la source qui glisse en murmure me lave doucement le coeur, le passant m'illumine d'un chaleureux "Bonjour". La rencontre au présent, telle que la suggère M Buber, je crois qu'elle est celle là, cet instant , cette instance, cette stance où le vis à vis inanimé s'éveille en une relation vibrante, en une floraison douce du coeur .
Découvrir du printemps les éveils, les naissances, les efflorescences, et rencontrer de soi les sources régénérées , les musiques intérieures , les dialogues intuitifs, les surgences  (Lacan) d'un Je habité, accordé .
La journée offre comme autant d'étoiles chacun de ses hasards, chacune de ses pétillances, dans un émerveillement du coeur sensible où toute une famille de contemplatifs me rappelle à sa communauté.  Des taoïstes à nos mystiques (j'ai souvent pensé à François d'Assise. ...), en passant par les musiciens les plus intérieurs.
Allez, lisez M Buber  (Le Je et le Tu ), lisez les mystiques et les taoïstes, écoutez Bach, Arvo Pärt et combien d'autres, voyez les peintres. ....Tiens, j'ai eu un petit contact avec mon musée imaginaire.... Au Syndicat d'initiative de Rocamadour, quelques tapisseries de Jean Lurçat ! 


mercredi 27 avril 2016

Un jour, une rencontre


réveille-toi, réveille-toi
et deviens mon compagnon
papillon qui dort

voyageur
ainsi m'appellera-t-on —
première bruine
                                     Matsuo Bashõ

Sur le quai d'attente du bus, ce matin à 6h30, elle est là, comme moi. Comme moi, pour la première fois, elle prend le bus inter cités qui la conduira à Nantes. Pour moi c'est le choix libre, pour elle c'est l'effet de la grève SNCF.
Chaleureuse, souriante,  elle s'assure auprès de moi du lieu, du quai de départ du bus.
Seuls sur un quai au jour à peine levé, que faire ? Eh bien une cordiale rencontre.
Je lui dresse les causes de ma présence matinale, et le fil de mes aventures pèlerines.
Elle me décrit ses activités de traductrice et d'interprète en japonais à l'université de Toulouse.  Elle se rend à Nantes pour la rencontre entre une entreprise de contrôle qualité et une PME du Sud Ouest spécialisée dans le traitement de la laine, des plumes, rencontre initiée par un groupe japonais.
Tableau dressé succinctement!
La rencontre entre le pèlerin et la traductrice ?  De longs dialogues sur la méditation, l'accueil, l'épreuve. Elle me décrit ses deux jours passés dans un monastère Zen au Japon, rencontre professionnelle, mais plus que cela bien sûr dans ce qu'elle en exprime et suggère.
La matinée de trajet sera juste une douce étreinte philosophique du temps. Le temps, l'espace, celui des rencontres. Celle-ci, comprise comme une belle occurrence de partage sur tous sujets. Les complexes liens entre les philosophies orientales et les pouvoirs parfois troubles  qu'elles côtoient, voire courtisent. Les tensions écologiques et politiques de cet Extrême Orient.

Je ne lui cache pas ma passion pour les littératures de cette Asie du Sud Est.  Traductrice experte du Japon, elle nous entraîne avec une tendre passion sur les pas magiques de Bashõ, Soseki, Mishima, et de mes adorés philosophes taoïstes.
Et ce "fleur d'été  "de Tamiki Hara,  récit sur le "jour d'Hiroshima ", je ne manquerai pas de le dévorer , sur vos conseils appuyés,  dès que possible, Brigitte.

A chaque jour sa rencontre, à chaque jour sa profondeur , à chaque jour sa recherche qu'une matinée sensible peut rendre subtile et signifiante . Merci pour ce beau voyage,  Brigitte! L'Orient comme expansion philosophique d'un banal transport en bus .
Vous vous arrêtez à Nantes. Bon exercice dans la délicate rencontre de Vendredi.
Mon bus me porte vers Brest, vers l'Ouest , vers. ...Lorient !

27 Avril. La Voix de son Maître

Le 8 avril, je vous parlais des horloges comtoises, et de la retraite souriante de l'ami Alain à Tours. Je ne vous ai pas tout dit de ce jour là. 
Au repas du soir, outre les éoliennes de François, les rêves d'Alain furent aussi au menu des conversations.
"Eh vous savez quoi ? Cette nuit j'ai rêvé de Macron ! "
"Non!"
"Si"
"Et il t'a parlé ? "
"Oui!"
"Qu'est ce qu'il t'a dit ? "
"Viens et suis moi ! "
Et notre tablée s'est esclaffée . La voix de son maître !  Nous avons largement fantasmé sur les aventures politiques à venir d'Alain, le 'disciple que Manu aimait'.

Eh bien, Alain, l'histoire se poursuit ! Je m'en vais suivre aujourd'hui. ... les voies de ton maître !
Oui! .....Les bus Macron, quoi !
Ce matin dès  l'aurore rendez vous à la gare routière de Toulouse, direction Brest où je serai à 21h ! 19  €! Eh oui, même un retour de pèlerin peut encore être une aventure dans l'aventure.
Nous sommes une quinzaine de voyageurs dans ce bus  qui va nous conduire à Nantes et relais vers notre Penn Ar Bed.
Mes amis Toulousains que je viens de quitter  préparent pour leur part dans ce petit matin leur propre voyage vers Paris, que les enfants vont découvrir. Vous imaginez l'excitation !

Pause bretonne pour quelques 10 jours. Mais j'ai bien des sensations, des informations qui peuvent encore faire l'objet de mes chroniques sur ces jours de repos. . .n'en doutez pas. J'en sais déjà une à l'heure où je vous écris !

7h 35 ce mercredi 27 avril, me voici donc sur l'autoroute direction Bordeaux.
Au moment où je finalise cet article, il est 14h. Nous avons passé sous le soleil Rochefort et La Rochelle.
Prochaine étape ? Nantes

A cette heure, je n'ai pas encore reçu de messages subliminaux, Alain !

mardi 26 avril 2016

26 Avril. St Sernin de Toulouse

Au long des jours, au gré des réflexions, des espaces de méditation qu'ouvre la marche silencieuse, quelques lieux sacrés impriment doucement leur trace, épitaphes spirituelles, attendues ou inattendues.
Celles que j'avais pensées ? L'office de Pâques à la cathédrale de Rennes, le passage près de Pascale à Angers au foyer Simon de Cyrène, un matin de silencieuse présence à la Cathédrale Saint Gatien de Tours, une journée de pause fervente à Rocamadour.
Et celles qui m'ont saisi par surprise ! L'abbatiale St Martin à Candé, l'église Nd des Bans à Treignac, l'abbaye d'Aubazine,  ou l'église fortifiée de St Cirq Lapopie.
Chacune à sa façon  inscrit dans mes pas l'accroche spirituelle qui dit au marcheur, au plus secret du coeur, "Qui es tu ? Que fais tu là? Quel est ton chemin ? ".
Ce matin, en forme de recueil spirituel de toutes ces lumineuses questions,  une rencontre avec l'imposante Basilique romane Saint Sernin de Toulouse, vaste et sublime monument chargé d'une longue histoire qui s'écrit ici dès les tous premiers siècles de notre Chrétienté.

Les Gorges de l'Aveyron

Au fil d'une journée ardue,
 le plaisir des paysages magiques
Des Gorges de l'Aveyron. 
Le village de Brousses 
Penné
Le village de Penné
Le château de Bruniquel 
Le château de Bruniquel a servi de décor au film de Robert Enrico dans "Le vieux fusil"
avec Philippe Noiret. 

25 Avril. Retrouvailles à Bruniquel

Je le disais dans une chronique précédente, le chemin confirme, ou signe peu à peu des lignes, des prévalences qui pourraient proposer quelques réponses à la question "qu'est ce que je vais chercher à Compostelle ? ". Il est clair que je fais les chemins de traverse, si le but avoué est Compostelle. Je n'en fais pas mystère. Et je remercie chacun de ceux et celles qui de jour en jour, de soir en soir, ont partagé cette pérégrination, soit en direct, soit par la procuration de la lecture, des commentaires et missives diverses.
Les très chers amis qui m'accueillent quittent leur domicile mercredi, et nous convenons du coup d'un point de rendez-vous ce lundi. Ce sera Bruniquel dans les Gorges de l'Aveyron. Journée de marche sportive pour clore ces semaines d'itinérance. C'est le Gr 46 qui me guide les pas aujourd'hui, comme depuis quelques jours déjà.  Déambulations magnifiques au fil du fleuve, au plus près de son lit ou sur le plateau. Que dire de nos retrouvailles à Bruniquel ? Qu'elles clôturent en point d'orgue cinq semaines de cheminement parfois extatique, parfois roboratif, si ce n'est poussif. Et au bout des jours solitaires, les embrassades recueillent tous les paris, toutes les beautés, toutes les rencontres du chemin. 
Le joyeux pépiement du trio, les exploits sportifs des deux filles  (apprentissages de la roue et de la rondade) , recensent dans un rieur bouquet de vie ce que ces jours condensent d'intimes aventures. Dans ce contraste, justement, un champ de relations vives entre intériorité et visages de la rencontre.
De ces impressions à fleur de sensations, à fleur d'écrits, Pierre Yves, Anne France et leurs enfants auront ainsi reçu les premiers mots comme autant de cadeaux.
Une longue page de marche, une pause, pour un but, Compostelle, qui a encore bien des lignes à me dicter,  à me croiser, à me creuser.
Un 25 Avril à Bruniquel et à Toulouse.
Paul

Mon petit trio.
Au jour même de ses onze ans, 
Ewenn prend mon relais ! !

24 Avril St Antonin Noble Val

Ce soir me voici donc à St Antonin Noble Val. Mon hôtesse me reçoit à 18h 30, me fait visiter le gîte , en l'occurrence une grande maison moderne réaménagée pour l'accueil de groupes auquels elle peut aussi proposer la table.
Pour moi qui suis seul, et seul occupant du gîte ce soir....Eh bien tout simplement les clés de la maison, que je laisserai demain dans la boîte aux lettres.
Alors ce soir c'est une soirée en solo, un petit repas dans un restaurant où le jeune serveur n'en revient pas de mon aventure.
Au point que, saisi de l'envie de requinquer le pèlerin, il tient à me servir 4 côtes d'agneau (au lieu de 2)pour le prix ! Et c'est très gracieusement qu'il me remet pain et beurre pour mon petit déjeuner du matin qui vient.

Saint Antonin nuit.....


......et jour.
L'Aveyron 

dimanche 24 avril 2016

Vers St Antonin Noble Val

Quelques photos encore de ce 24 Avril vers St Antonin. En suivant le cours de la Bonnette. ..


Bonne Route !

A Beauregard, il y a un observatoire des étoiles. Bonne route ! Bon courage ! 

Fête des lavandières

Non, je ne suis jamais seul avec ma solitude ! Je me pensais en route pour une journée silencieuse. Et puis voilà qu'au détour d'un chemin près de Lozes, après avoir rencontré forces voitures garées ici et là, je débouche surpris sur des tentes. C'est fête au village. Mon arrivée impromptue a fait son effet, quoi que je fasse pour passer discret. Me voilà saisi pour une petite bière et un morceau de cochon grillé, puis conduit auprès de la femme du maire, "elle est de Dinan ! Alors, voir un breton ! ". AH, il est vrai qu'elle est touchée ! Elle s'effondre même en larmes quand mes détails sur Dinan font émerger chez elle une nostalgie du pays que beaucoup ici semblent lui connaître !
Je suis assailli de questions de tous ordres sur mon chemin, l'avant , l'après, mes cartes(cette appli IphyGéNie qui fait rêver l'un des curieux ).
Une pause sympathique où j'apprends encore une histoire de clochers et de frontières. Je longe la Bonnette, qui va aller se jeter dans l'Aveyron. La Bonnette, c'est manifestement le paradis des moulins. Mais c'est aussi, mon bon monsieur, la frontière entre Quercy et Rouergue, et ça m'a l'air sérieux ! Me voici de nouveau au pays des guerres picrocolines !
Allez, ils m'ont bien l'air d'avoir la guerre rieuse, et la bravoure bien ramollie au fumet de porc. Moi, il serait quand même bien que je marche. St Antonin, ça se mérite !

Du Quercy au Rouergue

Depuis St Cirq Lapopie à St Antonin noble val, depuis le Quercy au Rouergue, depuis le Lot au Tarn et Garonne, à la rencontre avec le Tarn . A mesure que j'avance, les paysages bougent, évoluent aussi magnifiques les uns que les autres. Chaque petite cité recèle comme autant de bijoux secrets ses halles, ses clochers, ses moulins, ses architectures.

Beauregard 
ST Projet 

Caylus

Miséricordes

Comment une visite touristique à St Cirq Lapopie prend un envol imprévu ? Hier, en descendant dans la pluie vers la cité, nous nous consolions en espérant que les ondées auraient pour partie dispersé les touristes et mis à nos pas les rues vides. Ce fut presque le cas. De fait elle était quasi désertée. Notre petite découverte de rues en rues en prit d'autant plus d'intensité. Nous avions visité l'église dont nous relevions les forces vibratoires, pour ce qui concernait Arnaud, la magnifique acoustique, pour ce qui me concernait. Notre échange à ce sujet s'était fait dans les lieux, discrètement, du fait que nous n'y étions pas seuls.

Ce matin nous quittons St Cirq Lapopie. Je vais prendre la direction de Toulouse, Arnaud celle de Paris. l'un et l'autre faisons une dernière visite dans la cité . Sans concertation, nos chemins se retrouvent dans l'église. Il est venu y allumer un cierge, j'y venais dans l'intention d'éprouver la qualité acoustique de l'édifice. Et voilà que notre au revoir improvisé devient une prière à deux . Je me mets à murmurer, puis à chanter l'hymne de la miséricorde. La résonance étonnante donne au chant une spacialité sublime dont je ne sais à vrai dire  si j'en suis l'auteur ou si c'est la magie du lieu qui me l'offre. Nous quittons l'église après cette intense méditation chantée. Ni l'un ni l'autre n'avions imaginé que c'est à ce point d'orgue là que nous porterait St Cirq Lapopie. Elle sera désormais je le sais bien plus qu'une  une simple escale touristique.

Auberge du Sombral

Une soirée au Sombral, avec Arnaud. Rencontre fugitive dans laquelle, intuitivement, ni l'un ni l'autre n'avons estimé nécessaire de nous remettre nos coordonnées. Deux jours côte à côte, entre secrets et confidences. Ce matin, à notre séparation, il me dit "c'est étonnant, ce sentiment de recevoir de ces deux jours quelque chose que je n'étais pas venu chercher!"
La jeune femme qui tient l'auberge, native du lieu, me raconte au matin la vie de ce petit village bien connu. ..qui ne compte pas plus de 20 résidents à l'année !
Avant de quitter St Cirq Lapopie, une petite visite matinale dans la cité toute calme.

L'auberge dans le matin humide 
La vue sur le Lot, 
Depuis le belvédère du village.